UN ESPACE A SOI : A WORLD NOT OURS DE MAHDI FLEIFEL COMME LIEU DE RESURGENCE DE L’IDENTITE DES PALESTINIENS EN EXIL.

Autori

  • Katia Ouriachi Université Paris Sorbonne

DOI:

https://doi.org/10.15162/2704-8659/2371

Abstract

A World not Our, de Mahdi Fleifel, retrace les conditions de vie tragiques de ses amis et de sa famille dans un camp de réfugiés du sud du Liban, tandis que lui et ses parents ont pu s’exiler au Danemark. L’ensemble de son œuvre constitue une réflexion sensible sur cette géographie brisée qui caractérise autant l’espace de l’exil et l’expérience des réfugiés. Les réfugiés du camp de Hein-el-Hilwe vivent dans un espace entièrement clos, où le temps semble s’être arrêté en 1948. Cet article montre comment le regard du cinéaste travaille les tensions à l’œuvre dans le camp de réfugié, pour recréer à partir de lui un espace imaginaire auquel l’exilé peut se référer comme à une forme d’origine stable que la situation politique lui a pourtant refusée. L’œuvre cinématographique met en évidence le rapport dynamique à l’espace qui est celui des réfugiés et des exilés. Malgré l’enfermement, les lieux semblent s’agrandir, réenchantés par la vie qui y circule malgré tout, l’invention du quotidien hors des cadres imposés. L’habitat précaire, par sa fragilité même, devient un lieu de résurgence et de rayonnement pour la culture palestinienne, un foyer au sens le plus riche du terme. Ce documentaire, à l’image de l’ensemble de la filmographie du cinéaste, nous rappelle que l’art est une manière fertile d’inventer un lieu à soi, un espace de résurgence culturelle, dans un monde qui se refuse à accueillir les autochtones. En utilisant le cinéma comme lieu de mémoire, Fleifel se constitue en acteur d’une histoire qui dépasse les limites imposées par l’ordre politique, “cette mémoire impossible, qui parle plus haut et plus loin que les chroniques et les recensements”, comme l'écrit Edouard Glissant.

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Pubblicato

2025-12-09